Et pourtant
Quand j'ai annoncé ma grossesse, il a fallu très vite trouver la
bonne organisation niveau boulot.
Très
vite on m'a encouragée à prendre un congé
parental. Il est vrai qu'en bossant dans
l’Éducation Nationale, et surtout avec mon poste, il est plus simple de
trouver une/un remplaçant pour l'année et
puis, être
enceinte et avoir un bébé, c'est la seule
bonne excuse pour rester à la maison ;)
J'avoue qu'au début l'idée m'a un peu refroidi... Je ne me
voyais pas arrêter de bosser un an... Je ne me sentait pas
capable de rester si longtemps à la
maison...
Et
pourtant, ceux qui me connaissent bien, qui savent comme
j'aime les enfants, que j'adore faire des tas
d'activités avec eux, que ma patience guéri les
moindres peines ou crises... Beaucoup m'imaginaient à la maison avec une
ribambelle de loulous !
L'idée a fait son bonhomme de chemin... Et ma décision fut
prise : à la fin de l'année scolaire,
j’enchainerai toutes mes vacances, puis mon congé
maternité, puis mon congé parental, pour rattaquer à la rentrée
2015.
Nous voilà donc partis dans un mode de vie tranquille, à
construire notre petit nid douillet.
J'ai
adoré pouvoir faire les meubles et la chambre de
Martin, à mon rythme et en étant encore en
forme (je
pense qu'avec tout ce que j'ai fait, j'aurai
galéré si j'avais attendu mon congé mat)
Nous
avons pris notre temps, profité de nos derniers
instants sans bébé, du repos et du bonheur.
Martin est arrivé après une fin de grossesse et un accouchement
stressant mais très vite nous avons trouvé notre
équilibre.
Très vite chacun a pris ses
marques, son rythme, une nouvelle vie <3
Et pourtant....
Grâce à ces congés, j'ai eu la chance de pouvoir me reposer comme il faut car après une césarienne ce n'est pas simple. C'est surtout papa qui le premier mois, s'est occupé de bébé et maman. Petit à petit, j'ai pu prendre mon rôle avec plaisir. Et par le fait d'être à la maison, j'ai eu la joie de profiter de mon mini boy un maximum. Voir ses premiers sourires qui m'étaient adressés, ses premiers arheu... J'étais là la première fois qu'il s'est retourné, qu'il a tenu assis, qu'il a dit "Papa"....
Pour rien au monde j'aurai voulu donner ma place !
Et pourtant....
Mon congé parental c'est principalement déroulé durant l'été. Quel bonheur ! Une fin d'année scolaire sous le soleil. La piscine à la maison. Les vacances avec Bibou puis en famille. C'était génial !
J'ai pu me promener avec Martin, en écharpe ou en poussette. Pour les trajets école ou simplement pour n'être que nous 2 <3
Et pourtant....
Martin grandissant, on a commencé quelques activités : le parc, les animaux, les photos, la peinture... En plus des temps câlins et de la musique à la maison.
J'ai pu profiter de quelques visites de copines, et même d'avoir la chance de resortir un peu !
Et pourtant....
Et pourtant... C'est au mois d'Aout que ça c'est "compliqué"... Les vacances n'ont pas
forcément été reposante pour
moi car bébé (tout comme nous) n'a pas du tout aimé la canicule.
Puis s'en est suivi les
dents, une rhino... Et puis j'ai pris en pleine face le
train-train quotidien. Ce train-train quotidien que j'essayais
d'esquiver mais qui s'accrochait à moi tel une
moule à son rocher...
Un
gros boom mélangé au stress des problèmes personnels, de la reprise du
boulot, de la crèche pour
Bébé Chouchou... Et le stress de la gestion de la
maison.
Cette maison où j'ai l'impression de n'être que "boniche", qu'au
service de notre petite famille. Cette maison qui ne
laisse plus de place à une maman, à une femme... (Les mots sont
volontairement durs car les sentiments sont
forts)
J'ai un
homme en or. Un mari et un père aimant, attendrissant. Mais il
paraît que les hommes, n'ont qu'une
sphère d'appartenance et qu'à l'arriver d'un enfant, ils ne se
focalisent plus sur les mêmes choses.
J'ai
souvent entendu dire qu'on avait de la chance d'avoir un bébé
comme Martin. Un bébé calme, qui
mange et qui dort bien. Qui ne pleure pas mais qui
sourit tout le temps.
Oui c'est
vrai, mais c'est un bébé quand même. Il faut s'en
occuper, il a un rythme, son rythme. Et en tant que
maman, on se cale sur son bébé. La journée je n'avance pas pour
moi mais pour lui.
J'ai déja entendu "quand on est toute la
journée à la maison, quand on ne travaille pas, c'est
facile de faire
comme on veut car on a du temps".
Oui
c'est vrai, on s'organise comme on veut. En fait non, on s'organise
comme on peut. Parce qu'un bébé à la
maison, qu'il soit cool ou pas, ça reste un bébé, et donc une
organisation, donc un certain rythme.
Souvent on
m'a demandé "quand reprends-tu le travail" "ah bon tu ne
bosses pas" "ah mais en restant à la
maison tu es fatiguée" "mais pourquoi ?"
Mais ces
gens là n'ont pas/plus de bébé ou
d'enfant....
Moi aussi je sais ce que c'est de travailler, les grosses
journées, les heures à rallonge, le peu de
vacances... Mais
c'est un choix. Celui qui râle parce que ça ne va jamais dans son
taf alors il faut qu'il change. J'aime mon
métier et ses inconvénients.
Etre à la maison est un choix aussi. J'ai eu la chance de
pouvoir prendre ce congé et d'en profiter. De
continuer à ne "faire qu'un" avec mon fils.
Et pourtant....
Au
moment de reprendre le boulot, le bilan est mitigé. Je ne suis pas
satisfaite à 100% de ce congé.
J'ai
beaucoup fait dans la maison. Je fais encore beaucoup.
Mais pour certain ca ne se voit pas... Pour
certain c'est "normal" car je suis à la maison, je ne
travaille pas. Mais c'est faux.
Certes je ne mets pas le réveil et je ne me
déplace pas au boulot. Pas besoin. Mon réveil, c'est mon
bébé et mon
lieu de travail, c'est ma maison. Parce que finalement, si je ne
faisais plus tout ce que je fais, si la
maison n'était plus entretenu, que se passerait-il ? Le
navire cool ? Finalement, c'est maman qui tient la
barre. Un peu comme un patron au
boulot...
Si,
être maman au foyer c'est un boulot a plein
temps !
J'ai beaucoup pris sur moi. Finalement je ne voulais pas
voir ni entendre tout ca. Sauf qu’inconsciemment, tout
résonne dans la tête, ca reste, ça fait mal... On
pleure...
J'ai donc décidé de faire un travail sur moi même. De
trouver un rythme à la maison avant la reprise
du boulot. Une
organisation qui me permettrait d’appréhender cette reprise sans prise de
tête avec la maison.
Pour
l'instant ça fonctionne, mais tout n'est pas
réglé.
Nous n'avons pas, Chouchou et moi, trouvé notre rythme de
croisière ces derniers mois, mais nous allons retrouver
notre rythme d'avant Martin. Il n'y pas de raison que ça ne
fonctionne pas si chacun fait sa part.
Beaucoup seront surpris par cet article. Ceux qui bossent avec
moi, qui me connaissent dans le privé, savent
quelle énergie je peux avoir. Comment avec facilité j'arrive à
gérer au boulot. Comment j'aime
travailler dans le speed. Comment l'organisation n'a pas de
secret pour moi. Ou combien j'aime être avec les
enfants.
Et
pourtant, à l'heure d'aujourd'hui, être à la maison (pour l'instant) n'est
pas pour moi. Peut-être qu'une fois que les
enfants auront grandi, qu'on partagera différemment, peut-être que
j'arriverai à trouver ce petit
truc qui nous a manqué et que j'apprécierai passer des
journées entières comme mère au foyer.
Néanmoins, j'ai aimé, adoré tout ces instants en compagnie de ma
famille. J'ai adoré leur faire plaisir. Parce que
malgré tout, mes hommes je les aime à la
folie du monde et pour rien au monde je
laisserai ma
place !